Depuis fin 2019 et grâce au soutien de la DRJSCS* Occitanie, le collectif RIVAGES permet l’accès à des missions de Service civique à de jeunes réfugiés, en partenariat avec la DDCSPP** 65, Pyrénées Terre d’accueil, la Mission Locale 65 et le Foyer des Jeunes Travailleur.
Le Service civique est un formidable facteur d’intégration pour les réfugiés. L’accès à des missions leur permet de découvrir un nouveau milieu, de faire des rencontres et surtout d’avoir un accompagnement au plus près de leurs besoins. Chaque mois, nos volontaires réfugiés ont des cours de français, ils assistent à une sortie sur les valeurs de la république, ils participent à une rencontre entre volontaires réfugiés leur permettant ainsi de découvrir la culture française et d’approfondir certaines notions chères à la république (égalité femme/homme, écocitoyenneté, engagement citoyen, etc.). Ils participent également à un regroupement mensuel des volontaires du Val d’Adour, ce qui leur permet de rencontrer d’autres jeunes, de découvrir le territoire et renforcer la notion d’engagement. Aussi, un temps est consacré au suivi de leurs droits sociaux, à un accompagnement administratif et à la construction de leur projet d’avenir leur permettant de mieux comprendre le monde du travail, de se familiariser avec la recherche d’emploi et de rédiger une lettre de motivation et un CV. Tout cela vient en plus du tutorat mis en place par la structure d’accueil.
Pendant le confinement lié à la crise du COVID-19, nous avons maintenu et adapté cet accompagnement renforcé. Dans un premier temps, une attention particulière a été portée sur la compréhension des consignes et les règles d’hygiènes. Cela n’a pas été simple pour nos volontaires réfugiés de comprendre la situation. Heureusement, grâce à nos partenaires, nous avons obtenu des documents explicatifs traduits en leur langue natale. Dans un deuxième temps, nous avons mis en place un accompagnement à distance qui s’est traduit par :
- un appel hebdomadaire pour prendre des nouvelles, s’assurer que tout aille bien et gérer les démarches administratives du quotidien ;
- des cours de français hebdomadaires, individualisés et adaptés au niveau de chacun avec Kenza de l’association Portes Ouvertes, couplés avec l’utilisation d’application (« Français, premiers pas », « vivre en France », « HappyFLE ») ;
- des discussions (deux fois par semaine en visio via WhatsApp©) sur les valeurs de la république qui ont permis un échange interculturel riche puisque les jeunes faisaient d’eux-mêmes le parallèle avec leur culture d’origine ;
- Aminullah a pu continuer à bénéficier d’une aide pour l’élaboration de son livre de cuisine afghane grâce à l’engagement bénévole de Fatiha qui l’appelait tous les jours, du lundi au vendredi.
Le bilan de la chargée de mission au sujet de cet accompagnement à distance
« Il n’a pas été toujours simple de travailler avec l’outil informatique car les jeunes ne sont pas équipés pour du télétravail (pas d’ordinateur et pas de connexion internet stable). Avec Kenza et Fatiha, bénévoles sur l’accompagnement à distance, nous avons décidé d’utiliser des outils qui leur étaient familiers : l’appel téléphonique et la visio de WhatsApp©. Chacun de ces outils a ses avantages et ses inconvénients, le téléphone fonctionne bien dans la mesure où il y a du réseau et la visio permet de mieux se faire comprendre par des gestes ou en montrant l’objet dont on parle. Malgré ces freins, Ziauddin et Aminullah ont été très investis, l’envie d’apprendre était présente et ils ont été sérieux dans l’exécution des exercices demandés. Cet accompagnement s’est avéré essentiel pour maintenir le lien et aider les jeunes à travers cette période d’isolement. »
Le confinement vécu par Aminullah
Aminullah est en colocation, il n’a donc pas eu de sentiments d’isolement. Pendant le confinement, il a cuisiné (il adore ça !), fait du sport (course à pied, poutre et foot), regardé des séries en français (Extra French) et il a joué à des jeux vidéo. Il est très content d’avoir bénéficié de cours de français personnalisés avec Kenza car il a pu revoir les bases du français et les sons avec l’application "Français, premiers pas" car tous les soirs il travaillait un peu sur cet outil. Il a aussi aimé l’accompagnement de Fahita car "elle est gentille et elle posait des questions sur les recettes afghanes". Il a avoué que les discussions sur les valeurs de la république étaient parfois un peu trop dures pour lui, mais ça lui a permis d’apprendre quelques mots de vocabulaire.
Le confinement vécu par Ziauddin
Ziauddin est resté seul dans son appartement pendant toutes la durée du confinement mais cela n’a pas été trop difficile car il était déjà resté seul lorsqu’il s’était cassé le poignet quelques mois plus tôt. Il gardait le lien avec ses amis de la résidence en discutant depuis la fenêtre. Sinon, il occupait son temps en regardant des vidéos, en faisant la cuisine et il prenait l’air de temps en temps. Ziauddin a apprécié les discussions sur les valeurs de la république surtout sur la fraternité et l’égalité. Pour lui, la liberté c’est aussi important mais, malheureusement, en Afghanistan il y a des "problèmes de liberté". Le ramadan a commencé pendant le confinement, pour lui c’était une bonne chose car "il faut rester calme" pendant cette période. Maintenant que c’est terminé, il a pu profiter des 3 jours de fêtes de l’après-ramadan.
Aujourd’hui, le confinement est terminé. Ziauddin va pouvoir reprendre sa mission quelques heures par semaine, tandis que le reste du temps sera consacré au projet professionnel (recherche d’emploi et passage du code et du permis). Aminullah, qui effectue sa mission au sein du Lycée agricole de Vic-en-Bigorre, ne va malheureusement pas pouvoir réintégrer la structure. Nous allons donc poursuivre le travail sur le livre de recette, préparer son projet professionnel et mettre en place un parcours « Découverte patrimoine local et du monde associatif ».
* Direction Régional de la Jeunesse, des sports et de la Cohésion Sociale
** Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations.